Le viol de guerre

Force est de constater qu’il est très rare qu’un conflit échappe à l’utilisation du viol comme arme de guerre.

Le viol de guerre a souvent pour but de terroriser la population, briser les familles, détruire les communautés et dans certains cas de changer la composition ethnique d’une population. Il peut également servir à transmettre délibérément aux femmes le VIH ou rendre les femmes visées incapables de porter des enfants.

Comme l’organisation d’un attentat ou d’une attaque armée, l’utilisation des violences sexuelles est pensée et planifiée car elle permet de répondre à des objectifs précis tels que :

  • Nettoyage et purification ethniques en Bosnie-Herzégovine, au Rwanda ou aujourd’hui à l’encontre du peuple Yézidi ou à l’encontre des minorités Rohingyas en Birmanie.
  • Stratégie politique et économique en République Démocratique du Congo ou en République Centre Africaine. Au sein de ces pays, les zones où le viol sévit en masse sont celles où se trouvent les mines de diamants ou de minerais précieux et ont pour but de faire fuir la population et permettre aux milices et bandes armées d’exploiter les minerais.
  • Outil de terreur et de torture en Irak, Libye ou Syrie ou encore au Sud Soudan.
  • Outil de répression politique en Guinée, au Sri Lanka, au Zimbabwe ou Kenya
  • Endoctrinement des soldats comme en octobre 2015, où dans une lettre destinée à ses hommes, Abou Bakr al-Baghdadi chef de l’Etat Islamique, prônait la conversion à l’Islam par le viol. Daesh a fait du viol de guerre une arme suprême part entière de sa stratégie. Boko Haram au Nigéria qui en a également fait son arme favorite en ciblant les jeunes filles et en particulier celles se rendant à l’école en les enlevant, les violant à répétition et en les mariant de force aux membres de Boko Haram. L’exemple des 200 jeunes filles Chiboks enlevées en 2014 en est le plus probant.
  • Le viol est aussi utilisé comme garantie de recrutement par Daech et par Boko Haram. En effet, pour la plupart des organisations djihadistes les plus extrêmes, la garantie d’avoir des relations sexuelles est un outil de recrutement important. Plus récemment au Soudan, le recrutement se faisait avec la garantie d’avoir « des femmes » souvent âgées d’à peine 10 ans
  • Une nouvelle source de revenus avec le trafic d’êtres humains, les « marchés sexuels » les demandes de rançon… constituent désormais une nouvelle forme de ressource financière au même titre que le pétrole.

S’il est évident que le viol de guerre a de tout temps existé, qu’il constitue aussi un butin de guerre comme au temps des Sabines ou encore un outil de revanche du vainqueur comme cela a été le cas durant la seconde guerre mondiale ; ce qui est nouveau depuis 20 ans, c’est son institutionnalisation.

En ce sens, Boko Haram au Nigéria et dans le Sahel, Daesh en Irak et Syrie ont purement et simplement théologisé l’utilisation du viol. Des manuels et guides sur l’esclavage sexuel sont développés, des marchés aux femmes mis en place avec grille tarifaire en fonction de l’âge, de la virginité, de la communauté dont est issue la victime…

Ces groupes ont parfaitement intégré le viol de guerre dans leur stratégie terroriste car ils en ont compris l’intérêt en termes d’impact à long terme.

Le viol de guerre est donc devenu aussi un outil et une arme terroriste. Il est d’ailleurs aujourd’hui intégré dans les stratégies de lutte contre le terrorisme.